mercredi, août 30, 2006

L'étudiant d’architecture

PAR MARIO ROSALDO


En apparence notre étudiant n'est pas différent de tout autre: il essaie de vivre sa vie dans les heures qui restent entre un devoir et l'autre, ou même dans l'horaire de certaines classes. Il sent comme les autres: il se réjouit, il souffre, il doute. Et comme les autres, il vit sa vie en compagnie ou dans l’intimité, entouré de gens ou pas. Mais si nous voyons au-delà de ces premières impressions, nous reconnaissons les diverses facettes propres de l’étudiant d’architecture. Par exemple : d’un côté, nous avons les étudiants qui considèrent le design comme un rapprochement entre l’art et la technique, et ceux qui le définissent clairement comme une science ; d’un autre, situés en ouverte opposition à ces deux points de vue, nous avons toujours les étudiants qui conçoivent l’architecture plus comme un art que comme une technique ou discipline scientifique.

Selon l’approche, nos étudiants d’architecture résolvent leurs projets et leurs propres vies en suivant des idées qui leur semblent les plus familières, les plus appropriées, presque leurs idées propres, en tentant de les réaliser au moyen des designs ou de la conduite personnelle. Dans la majorité des cas, les étudiants ne vivent pas d’une manière méthodique, ils se laissent emporter par leurs instincts, leurs impressions, leurs idéals : Ils ne vont pas au-delà du simple fait de s’informer ; ils ne commencent pas par vérifier à fond l’information reçue. Les concepts sont considérés presque comme des vérités éternelles ou universelles. S’il y a une possibilité de faire la recherche manquante, elle apparaît seulement comme le désir à réaliser un jour de ceux, ou quand l’étudiant découvrira les conditions nécessaires.

La priorité des étudiants moyens n’est pas la recherche en soi ; ils doivent tout d’abord réussir leurs matières, sans mentionner l’atelier de design : si le devoir ou le projet ne leur exige pas une recherche majeure, ils ne la feront jamais de leur propre mouvement ; l’analyse sérieuse des auteurs et des concepts de ceux-ci est laissée pour une prochaine fois. Après des années de formation, durant l’enfance et l’adolescence, ils ont déjà appris à différencier entre le nécessaire et le contingent, le permanent et le transitoire, mais aussi à remplacer leurs nécessités essentielles, naturelles, permanentes, par les nécessités d’une économie exigeante, on dirait, jamais satisfaite. Ainsi, leur intérêt se centre avant tout sur les connaissances pratiques, sur le monde du travail, sur l’éventualité d’un emploi «sûr et bien rémunéré».

Le système éducatif a bien fait son devoir, parce que nonobstant la rigidité du système, il y a un certain sentiment de liberté à l’université : il ne faut plus être prêt à reconnaître l’autorité de l’école dan son ensemble, il suffit de reconnaître l’autorité d’un seul professeur. Cela est possible grâce au prestige qui lui précède comme architecte pratique, exécuteur d'œuvres, ou simplement grâce à sa capacité d’exprimer ses idées, ou de leur convaincre. Dans le premier cas, les étudiants remarquent les actions et résultats qui lui ont couronné comme un triomphateur, qui l’ont fait se distinguer moralement ou économiquement de tous les autres. Dans le deuxième cas, ils voient plutôt l’aspect intellectuel. L’autorité du professeur reste solide tant que sa renommée perdure. Nous ne parlons donc pas d’une autorité à toute épreuve.

Mais le fait qu’une moyenne d’étudiants accepte la relative autorité d’un professeur ne doit pas nous faire penser qu’il n’existe plus l’étudiant rebelle ou sceptique, radical ou passionné. L’université est la dernière étape de l’enseignement ; ceux qui sont là on déjà pris la décision de travailler dans les divers domaines des sciences ou de l’art ; l’étudiant a finalement compris qu’un job est la clé pour faire ce qu’il veut, pour faire son chemin dans la vie. Cela ne veut pas dire qu’il est d’accord ou qu’il renonce à ses rêves. Tout au contraire, il accepte le défi : transformer la société «pour le bien de tous», moyennant son travail, c’est-à-dire, moyennant son activité physique et intellectuelle. De telle sorte qu’on peut dire que le procès éducatif est un peu le poisson qui se mord la queue : il se serve des méthodes parfois autoritaires pour propager l’esprit et l’attitude critique.