mardi, septembre 26, 2006

L'architecture et l'éducation 1

PAR MARIO ROSALDO


Tout au long de notre histoire on a mis en valeur l’importance de l’éducation comme un élément d’identité et cohésion social. La progressive conversion des habits et costumes en lois morales et juridiques, ainsi qu’en codes de conduite, lesquels jettent les bases de l’État, contribue définitivement à établir le caractère institutionnel de l’éducation et lui donne en plus la valeur d’un bien collectif et individuel. De ce fait, l’institution est appréciée grâce à son indéniable valeur sociale.

En Ancienne Grèce l’éducation était reliée à la liberté de la classe sociale. Les Eupatrides avaient le droit à continuer leurs études après une formation basique ; les pauvres étaient par contre condamnés à aller travailler dans les ateliers des riches ou dans les champs des propriétaires terriens. En Rome l’homme libre pouvait jouir des mêmes droits que les riches et les Patrices qui pensaient avoir aussi l’obligation de cultiver l’esprit. Dans les deux cas l’éducation était un privilège qui toujours soulignait l’importance hiérarchique des classes dominantes.

Le Haut Moyen Âge ne change pas ce concept étroit de l’éducation. Grecs, Romains et Germaniques établissent une profonde différence entre le travail corporel et le travail intellectuel ; celui-ci devient la prérogative de la classe gouvernante et de l’église. Mais la diffusion des connaissances ne peut pas être contenue dans les murs de l’isolement médiéval ; le commerce entre l’Europe et le Prochain Orient comme la guerre religieuse entre chrétiens et musulmans sont des faits qui jouent un rôle décisif dans la transformation progressive de cette pratique discriminante.

Bien qu’une stratégie de guerre favorise la propagation des idées dirigées contre les croyances et le moral des forces ennemies, une autre tactique encourage le vol des idées les plus valorisées ou la science la plus appréciée de l’ennemi haï. D’ailleurs, ce qui n’est pas reçu avec le butin de guerre, est acquit avec le commerce. Les marchands, les voyageurs et les pèlerins sont un des conduits à travers lesquels l’Europe de Charlemagne s’enrichie matériellement et spirituellement. Le rétablissement carolingien du marché européen comme la longue guerre entre l’empire et la papauté ouvrent la possibilité de l’éducation à une bourgeoisie enrichie qui peut même payer la construction des écoles laïques, en dépit de la prédominance des centres éducatifs épiscopaux.

Les municipes libres impulsent la création de ligues commerciales et ils deviennent peu à peu des puissants centres financiers et culturels. La diffusion des idées va permettre non seulement le surgissement de la science moderne, mais encore l’aspiration générale au droit à l’éducation et á la liberté. L’église même est protagoniste de ce changement ; elle doit subir la Reforme et la Contre-Réforme. L’homme de science moderne fait son apparition et le libre penseur aussi. Pendant la Renaissance et le Siècle des lumières, l’institution de l’éducation commence à être considérée un bien en soi-même parfois séparé du control de l’État.

Le but de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert est d’éduquer le peuple sur l’importance des sciences et de l’art en se prononçant catégoriquement en faveur de la raison. Rousseau est un des premiers qui se rebelle à l’idée du primat de la raison et propose une éducation qui exalte les plus purs sentiments. Chateaubriand accepte une expression plutôt modérée du sentiment et cherche un équilibre dans la foi chrétienne. Herder croie en une harmonie entre la nature et la historie et considère la religion comme le fondement actif de l’éducation.