dimanche, mars 30, 2008

Art, science et simulation

PAR MARIO ROSALDO


L’insistance de la critique d’architecture de tendance scientiste à exposer ses idées à travers une terminologie formellement similaire au langage scientifique, n’a rien de nouvelle. Cela conduit en général à l’idée équivoque selon laquelle les nouveaux mots ou les redéfinitions abstraites peuvent changer la réalité. L’histoire de la science cependant nous prouve que les changements dans ses concepts et théories n’ont pas eu lieu à l’avance, n’ont pas été la conséquence directe de l’invention de néologismes, ils ont été par contre le résultat d’un long et lent processus d’expérimentation et raisonnement. Seulement lorsque la science s’établit, elle peut épurer le langage commun jusqu’à le faire un langage proprement scientifique. Cela n’a pas eu lieu dans l’ordre inverse. L’actuelle discussion sur l’utilisation appropriée des concepts scientifiques comme conjecture, théorie et méthode scientifique, ou sur les interprétations qu’il faut faire d’eux, appartient plutôt au champ de la philosophie de la science. C'est-à-dire, nous oublions très souvent que la science en tant qu’un concept historique et philosophique diffère beaucoup de la science en tant que la réalité. Nous pouvons fonder nos espoirs et souhaits sur la science, mais dans la pratique la science ne répond pas toujours à nos désirs.

vendredi, février 22, 2008

Pour rompre l'inertie et renouveler l'attitude critique dans l'architecture

PAR MARIO ROSALDO


Si nous nous mettons à étudier sérieusement les théories et les critiques de l'architecture des années récentes, disons, dès années 1980 jusqu'au présent, nous verrons que la sophistication expérimentée dans leurs méthodes, théories et terminologies, peut être attribuée surtout à l'intérêt de s'établir en tant que des paradigmes scientifiques et multidisciplinaires, ou, par contre, simplement en tant que des théories et critiques fondées sur les variantes de ce qu'on appelle l'irrationalisme ou l'antirationalisme. Parmi tous ces extrêmes, nous trouvons en général les attitudes conciliatrices : les solutions qui, en se refusant à prendre parti pour les radicaux ou les réactionnaires, préfèrent le confort de la neutralité, ou même de l'éclectisme. Nous pouvons reconnaître que, au moral, une attitude critique conciliatrice c'est bénéfique et souhaitable, ou que l'idée d'une critique pluraliste, une critique ouverte au dialogue, qui ne choisit pas de positions extrêmes et absolues, c'est très heureuse. Mais, dans les faits, ce qu'on appelle le pluralisme ne comprend pas toujours l'ensemble des critiques; il tend à exclure les monistes et tous ceux qui n'acceptent pas la démocratie libérale. Et quand le pluralisme parle du respect aux rationalistes ou aux idéalistes, selon soit la position défendue, il considère communément que ceux-là sont erronés. L'inclusion pluraliste devient la douane où les sympathisants du libéralisme économique reçoivent un traitement préférentiel. Une conciliation fondée sur une prétendue égalité et compréhension de toutes les opinions, c'est l'imposition à peine dissimulée du vieux relativisme culturel de l'anthropologie académique.

jeudi, janvier 24, 2008

La critique d'art, l'intuition et l'objectivité

PAR MARIO ROSALDO


Bien qu’aujourd’hui la critique d’art —comprenant ici la critique d’architecture— aborde les thèmes ou problèmes avec des ressources plus nombreuses qu'il y a un siècle, les vieilles tendances continuent à se développer et à attirer des adeptes. Ainsi donc, dans les nouvelles générations, on trouve les différentes variantes du positivisme, pragmatisme et, en général, de ce qu’on appelle l’irrationalisme. Tous ces courants sont résultat des débats originalement scolastiques, entre les rationalistes ou les empiristes, et les métaphysiques. A l’heure actuelle, quelques critiques opposent très souvent l’intuition à la raison en tant que l’unique moyen ou la sole méthode digne de déterminer l’histoire de l’art ou d’apercevoir, ou distinguer, chaque phénomène. En aucune façon, ils ne pensent pas qu’il soit possible un examen raisonné du phénomène humain. Avec la même fréquence des autres critiques adoptent la position complètement contraire. Ils sont les scientistes, pour lesquels il n’y a rien absolument plus valide qu’une méthode des sciences naturelles, ou des sciences sociaux, appliquée à l’étude de l’art, ou —dans notre cas particulier— de l’architecture. Evidemment, il ne manque pas les critiques éclectiques et les relativistes, les improvisés et les opportunistes, sans oublier les amateurs ou les dilettantes.